mercredi 13 juillet 2016

Lecture : David Vann - Sukkwan Island

En France, on se demande souvent si les auteurs américains ont "un truc en plus". Parfois même, certains ne se le demandent plus, ils en sont convaincus et ils essayent d'analyser ce qu'est, ce truc en plus. 
A titre personnel, le fait que la plupart de mes auteurs favoris soient américains constitue une réponse sur ce que j'en pense... 
Et ce n'est pas la lecture de Sukkwan Island (de David Vann) qui va me faire changer d'opinion. 



L'histoire : Jim décide d'aller s'installer dans une cabane perdue sur une île inhabitée de l'Alaska. Et d'emmener dans ses bagages Roy, son fils de 13 ans, loin de sa soeur et de sa mère, pour une année d'exil sauvage. Forêts gigantesques, lacs immenses : le paysage est démesuré, il faut un hydravion pour y venir. Rapidement on comprend que père et fils n'entretiennent pas des relations au beau fixe, et que le père fait face à quelques soucis d'équilibre psychique. Et alors qu'il espérait donner une nouvelle orientation à sa vie en partageant quelques moments intenses avec son fils, la situation du tandem va très vite se gâter.

Un bouquin court (200 pages) et incisif, qui se compose de deux parties avec un changement de point de vue narratif au milieu qui correspond à un tournant dans le récit. C'est propre, joliment réalisé et drôlement efficace. 
Aux superbes descriptions des paysages sauvages et hostiles pour l'homme, David Vann ajoute les rapports difficiles entre un père et son fils qui apparaissent comme des bouées jetées à la mer. L'histoire est simple, ténue, on flirte parfois avec les codes du huis clos, ce qui instaure une ambiance électrique. La tension ne cesse de grimper, le lecteur sent qu'une tragédie va arriver, ou du moins, quelque chose de marquant, de définitif, qui va marquer les protagonistes. Et on ne peut plus lâcher ce livre avant d'aboutir au climax, juste avant que la seconde partie ne s'ouvre. Changement de ton, changement de focale mais la suite est toute aussi passionnante. Le lecteur est guidé mais on lui laisse la liberté de se faire sa propre opinion sur la fond de cette histoire ainsi que sur le destin de ces deux personnages marquants.

Sukkwan Island est donc un bouquin fort comme une gnôle frelatée qui vous poursuit après l'avoir refermé. Plusieurs jours encore après la lecture, ses deux personnages principaux jouent les prolongations dans votre esprit.  
L'éditeur français Gallmeister confirme ici la pertinence de son travail, autant dans la qualité de ses publications que dans celle de son site web. Ce Sukkwan Island n'est que le deuxième ouvrage de l'éditeur que je lis mais nul doute que je ne vais pas en rester là... 

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