mercredi 12 octobre 2016

Quand on a trempé l'orteil...

Ce n'est pas parce que c'est difficile que l'on choisit d'écrire. Mais bon sang, c'est difficile. Il n'y a pas de règle ni de méthode, à peine des connaissances, éparses la plupart du temps, et contradictoires les unes avec les autres sur le terreau de ceux qui s'y sont risqués avant nous. Sans oublier nos propres expériences bien sûr, parce que nous ne sommes pas des nouveaux-nés non plus. 
J'ai donc attaqué le premier jet de "MANX" et comme dans tout processus d'écriture, j'alterne les phases hystériques et fiévreuses où je peine à retenir le trop plein d'idées avec les phases de découragement profond, d'abattement total au cours desquelles je ne ponds que de la MEB ("Merde En Barre" pour les intimes). Mais quand on trempé l'orteil dans la rivière de la fiction, on est tenu d'y aller jusqu'au bout et quitte à s'enfoncer dans la MEB, autant le faire à fond. 
Je reviendrai plus en détail en fin de semaine au cours de mon point d'avancement hebdomadaire du projet "MANX" sur les difficultés actuelles. 
En grattant pour m'aérer l'esprit entre deux pages, deux réunions au boulot et deux supervisions de devoirs des enfants, j'ai découvert que certains auteurs connus ne rechignent pas à ouvrir la fenêtre sur leur cuisine, histoire de nous faire voir à quoi ça ressemble de l'autre côté. Je m'intéresse énormément aux secrets de fabrication des romanciers, comment ils travaillent, comment ils préparent un récit, ce qu'ils notent, ce qu'ils improvisent, ce qu'ils planifient, et de quelle manière pratique ils font tout cela. Ces aspects du métier me passionnent, j'aime voir comment travaillent les autres, pour comprendre et pour m'en inspirer si cela peut être utile. 
Jean-Philippe Toussaint, écrivain et réalisateur de son état, publie depuis 1985 chez Minuit des romans que l'on qualifie de minimalistes. Je ne connais que de nom cet auteur traduit dans un grand nombre de pays et je ne l'ai jamais lu. Mais cela ne m'empêche pas de trouver très intéressante la démarche qu'il adopte sur son site web et qui consiste à mettre à disposition les extraits de ses manuscrits, de ses notes préparatoires et de ses plans de travail. Voilà ce que j'appelle la cuisine... Ses plans n'ont rien en commun avec les miens. En prenant par exemple les plans qu'il a rédigés pour "La vérité sur Marie", je me rends compte qu'il les a justement... rédigés. Il ne s'agit pas d'un simple résumé de ce qu'il se passe et tout n'est pas relié de façon claire et évidente. Il y a sur les plans de Toussaint des pistes d'ouverture, des brèches en attente d'être comblées, mais aussi des extraits déjà saisis, des images et des idées qui ont initié la recherche du plan et qu'il a écrites à même celui-ci, dès la phase de conception. 
Un exemple frappant du décalage entre ces recettes de cuisine propres à chacun de nous. On est loin du cadre sûrement trop rigide de mes plans personnels. Et même si j'ai besoin d'avoir une structure plus marquée, peut-être devrais-je en effet assouplir le cadre un peu trop rigoureux de mes tableaux excel de préparation et de plans. Y incorporer notamment certains ingrédients tels que des phrases, des dialogues, des bouts de développements que j'ai en tête à ce moment là mais que je ne prends pas la peine de noter de peur de surcharger... Pourtant se montrer à peine moins synthétique m'aiderait sûrement à trouver plus d'ampleur encore pendant l'écriture proprement dite. Intéressant en tous les cas et peut-être à expérimenter dans le futur...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire