mardi 7 février 2017

Lecture : Richard Brautigan - L'avortement

L'avantage, quand on a découvert un auteur que l'on apprécie particulièrement, c'est que l'on peut décider de lire toute sa production.
L'inconvénient, quand on a découvert un auteur que l'on apprécie particulièrement et dont on a décidé de lire toute la production, c'est qu'il arrive un moment où on a tout lu. Et même relu parfois. Souvent même. Et du coup, la filière s'épuise de façon irrémédiable. Alors, on se met parfois à écrire à son tour, parce qu'on ne trouve plus ce ton, ce style, cet univers qui nous plaisait tant. Parce que des Brautigan, on n'en rencontre pas tous les jours. 

"L'avortement" a été écrit en 1971 et reste un (court) roman très connu de son auteur par l'idée qu'il y développe de cette bibliothèque imaginaire qui accepterait de mettre en rayons tous les manuscrits refusés ailleurs. Récemment encore, David Foenkinos a repris cette idée dans son roman "Le mystère Henri Pick" paru chez Gallimard. 
Mais cette idée, toute excellente qu'elle soit, ne constitue pas le seul intérêt de ce roman de Brautigan qui fait partie des derniers ouvrages de l'auteur que je n'avais pas encore lu. On y retrouve le style poétique à nul autre pareil de l'écrivain américain, ses métaphores décalées et pleines de sons et de lumières. 
Les femmes, grande obsession de Brautigan, sont bien sûr très présentes, une femme en particulier, belle à en faire mourir d'émoi bien des hommes, mais qui pourtant choisi ce petit bibliothécaire et qui va même tomber enceinte. Le titre du roman révèle bien sûr l'intrigue de l'histoire mais en aucun cas la poésie, les trésors d'inventivité syntaxique et de situation que l'auteur sait mettre en oeuvre. Fragilité des êtres, sensibilité de leurs relations, tendresse pour les personnalités décalées : la patte Brautigan fait toujours recette. 
Bon je vous l'accorde, je suis fan de l'auteur donc mon avis est forcément orienté. 

Extraits : 
"Les toilettes étaient si élégantes que j'avais l'impression que j'aurai du me mettre en smoking pour pour pisser un coup".
"C'est une décision difficile à prendre, s'il faut commencer une fille par le haut ou par le bas."
" Il fallait que je prenne ce corps étendu devant moi et que j’enlève ses vêtements de manière que nous puissions joindre nos corps comme un pont au-dessus d’un abîme."

Richard Brautigan, L'avortement, Points, 192 pages. 6,5 €

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire