mardi 30 mai 2017

Lecture : Jack Kerouac - Satori à Paris

Lorsqu'il convient d'évoquer la production littéraire de Jack Kerouac, de façon immanquable, c'est "Sur la route" qui est cité. Et ensuite, en règle générale, arrivent pêle-mêle "Les clochards célestes", "Mexico City Blues" et "Visions de Cody". C'est une sorte de classement un peu inévitable : on n'y échappe pas (et à juste titre). 
"Satori à Paris" a été écrit par Kerouac en 1966 soit presque une décennie après le célèbre et solaire "Sur la route" qui cristallisait toute la fougue d'une beat generation dont l'écrivain américain était alors le phare. 
Pour comprendre comme il se doit ce roman court foncièrement autobiographique, il faut rappeler le véritable nom de Kerouac : Jean-Louis Lebris de Kérouac. Car oui, ce bon vieux Jack a des ancêtres français, bretons de surcroît. Ce livre est le récit de ses pérégrinations françaises lorsqu'il s'est rendu en 1965 à Paris puis en Bretagne à la recherche de ses racines et notamment de l'origine de son patronyme complet. A la fin de sa vie, Kerouac s'est lancé à corps perdu dans une recherche des origines qu'il n'a pas pu mener jusqu'à son terme.
J'avais déjà lu ce petit bouquin il y a des années et j'en avais gardé un très bon souvenir. La relecture n'a fait que confirmer ce premier avis. Kerouac y déploie son enthousiasme (souvent alcoolisé) à travers les rues de Paris, les paysages bretons. On ressent son humanité transpirer dans toutes ces pages, notamment quand il rencontre des anonymes avec lesquels il ressent une proximité spirituelle qui concourt à entretenir ce satori exprimé tout au long du bouquin. La chaleur humaine et le besoin absolu de tendresse, de relations, de l'auteur en fait un personnage attachant en diable. On restera toutefois un peu sur sa faim lorsqu'il sera temps de refermer le livre, comme si après avoir sympathisé avec un gars rencontré dans le bar d'une ville étrangère, on le perdait de vue au petit matin, évanoui dans des venelles humides et un peu froides d'une ville inconnue. 

ExtraitEtudiant les cartes, décidant d'aller à pied partout, de manger, de retrouver la patrie de mes ancêtres à la Bibliothèque, et puis de me rendre en Bretagne, là où ils avaient vécu et où la mer, à n'en point douter, baignait encore les rochers. - J'avais prévu qu'au bout de cinq jours passés à Paris, je descendrais à cette auberge au bord de l'Océan, dans le Finistère, et sortirais à minuit, enveloppé dans mon imperméable, coiffé de mon chapeau, muni de mon carnet et d'un crayon et d'un grand sac en plastique pour écrire à l'intérieur - en somme, en mettant la main, le carnet et le crayon dans le sac - écrire au sec, pendant que la pluie tomberait sur le reste de mon corps. Et je transcrirais les sons de la mer, cette seconde partie du poème - La Mer - intitulée "La Mer, dernière partie, les sons de l'Atlantique, Bretagne", auprès de Carnac, ou de Concarneau ou à la pointe de Penmarch, ou encore à Douarnenez, à Plouzaimedeau, Brest ou Saint-Malo. - Là, dans ma valise, le sac en plastique, les deux crayons, les mines de rechange, le carnet, l'écharpe, le pull, l'imperméable dans la penderie, et les chaussures chaudes. 

Jack Kerouac - Satori à Paris, Folio, 160 pages, 6.6 €

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